En
ce début du 20ème siècle, Vienne est
une des plus grandes capitales européennes
et peut-être celle où il se passe le plus de
créations artistiques. Les
artistes les plus talentueux du moment y résident :
Gustave KLIMT, Egon
SCHIELE, Gustave MAHLER, Rainer Maria RILKE, Richard STRAUSS…
Derrière
ce jaillissement culturel envié par le monde entier,
existent des comportements
humains moins merveilleux : la communication avec le reste du
monde est
restreinte. Les nombreux débats idéologiques de
l’époque auront peu d’échos
dans les cercles viennois. Au quotidien, la sexualité est
vécue avec une telle
discrétion, une telle retenue, que l’inhibition
généralisée devient la
pathologie de cette communauté mondaine rassemblant la haute
bourgeoisie
viennoise. L’aristocratie est plus discrète mais
parfois également présente (lLe
célèbre patient
« l’homme au loup »
objet d’étude, puisque FREUD y
consacra un ouvrage, était aristocrate).
De même, la très
célèbre princesse Marie Bonaparte
s’investie
activement et efficacement pour défendre la cause de la
psychanalyse. De cet
environnement mondain, Freud en sera à la fois
l’acteur et le spectateur
averti, terrain de choix pour créer un concept nouveau,
celui de la
Psychanalyse.
Revenant
d’un stage parisien avec le professeur CHARCOT,
célèbre pour ses études sur
l’hystérie, FREUD utilise l’hypnose
qu’il abandonne rapidement au profit de la
libre association du patient qui vient le consulter. Cette libre
association où
tout pourra se dire, ponctuée de quelques mots de
l’analyste, sera la règle de
ses séances. Ces cures sont intenses avec le plus souvent
des séances
quotidiennes. Son public, largement
féminin, est
issu de ces
classes sociales
privilégiées qui possèdent ce
temps libre nécessaire et l’argent de
paiement de ces nombreuses séances.
L’observation
clinique montrera rapidement que dysfonctionnements sexuels et conflits
psychiques sont fréquemment associés. Ce sujet
est sulfureux à cette époque et,
dès le début, les conférences et les
articles de Freud sont violemment
critiqués. Son audace à parler de
sexualité infantile reçoit un retour hostile
d’une majorité de cette
société viennoise. Cependant, certains
comprendront la qualité
de ses travaux, le milieu artistique se nourrira même de ses
découvertes sur
l’inconscient révélé. Dans
ce milieu social, les forces d’amour libre sont
fortement inhibées, réprimées,
dénigrées ; ceci représente
justement la
pathologie typique de cette société à
cette époque. Vienne est alors une
des villes du monde ayant la plus grande
proportion de prostituées par rapport au nombre
d’habitants. La morale de
l’époque exige que la sexualité soit
vécue secrètement,
c’est
donc une grande nouveauté de pouvoir
mettre les mots pour en parler, les mots pour le dire.
La psychanalyse fut la
première psychothérapie
élaborée avec un souci de cohérence
scientifique. Son
fondateur l’a définie comme
« un procédé
d’investigation des processus
psychiques, qui autrement sont peu accessibles » et
« une méthode de
traitement des troubles
névrotiques »
fondée sur une « science de l’inconscient ».
Il s’agit d’une science qui comporte une part
de subjectivité essentielle et ses applications
thérapeutiques concernent des
personnes ayant une histoire toujours singulière.
C’est l’énorme mérite de la
psychanalyse que d’assumer ce paradoxe avec force et
d’offrir une méthode
respectueuse de la personne, une psychothérapie dont le fil
est la parole même
du patient.
Cette
nouvelle thérapie, nommée psychanalyse, est toute
à la fois une méthode
d’investigation psychique, une méthode
thérapeutique et un moyen de
compréhension de la société. Celle-ci
est taillée sur mesure pour ce microcosme
viennois. Sa logique
principale repose sur la diminution des tensions
intérieures grâce à la mise en mots des
émotions refoulées.
De
formation philosophique classique, FREUD, d’origine et de
culture juive, est
véritablement athée. Il démontrera,
aux
yeux de tous, le fonctionnement
infantile de la pensée magique dans le besoin de
spiritualité. Il
dénoncera vigoureusement la logique des
religions monothéistes et leurs nocivités dans la
société.
La
religion serait la névrose de
contrainte universelle de
l’humanité » (Sigmund Freud /
L'avenir d'une
illusion).
Ce
comportement est davantage
« éclairé »
par ses découvertes cliniques
que par un tempérament provocateur qu’il
n’aura jamais. Il restera naturellement
fidèle aux valeurs traditionnelles. Les progrès
de son auto-analyse lui
permettent de s’affranchir de certaines contraintes et
à goûter des plaisirs
simples sans toutefois les revendiquer. Une telle revendication, que
certains
psychanalystes ne se gêneront pas d’avoir plus
tard, aurait placé la
psychanalyse dans le champs d’une
philosophie délibérément
hédoniste.
Aujourd’hui, La
Psychanalyse est
omniprésente dans la
société. Le cinéma, le
théâtre, la
littérature, l’art, y font
régulièrement
référence. Les médias analysent les
faits de
société au travers de son analyse.
De plus, la psychanalyste ouvre aujourd'hui de nombreuses perspectives
aux
chercheurs et aux praticiens de multiples disciplines, outre la
psychologie et
la psychiatrie, la médecine, la Sociologie, la Linguistique,
la
Philosophie,
l’Etude des Religions, l’histoire etc...
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Elle
s’adresse d’abord aux
personnes souffrant de troubles
névrotiques, de conflits
intérieurs qui
rendent
leur vie difficile et pénible. La névrose est une
construction pour se défendre
qui
pouvait être utile à un moment de la vie mais qui
peut devenir parfaitement
inadaptée plus tard à l’âge
adulte et causer des souffrances et des
difficultés. La névrose est le champ
d’action privilégié de la psychanalyse.
La
psychanalyse s’adresse aussi
à ceux ou celles
qui souhaitent simplement,
dans un désir
d’évolution
ou
d’épanouissement
personnel,
se connaître
mieux, choisir
leur voie et
atteindre une meilleure harmonie entre eux et les
autres.
La
psychanalyse n’est pas indiquée
pour les personnes souffrant de troubles psychiatriques
sévères. Elle n’est pas
adaptée aux pathologies lourdes qui seront plus efficacement
soignées par un
psychiatre.
Elle n’est pas très efficace dans le cas
où le moi de la personne n’est pas
suffisamment constitué et organisé. Elle
n’est pas impossible mais, là encore,
d’autres techniques psychothérapiques seront plus
efficaces. Il en va de même
dans
le cas de personnalités psychorigides,
rebelles au changement, car la psychanalyse implique le changement.
Une
psychanalyse se
fait en
général entre 22 et 60 ans. Il est
conseillé aux plus jeunes d’attendre
qu’ils
aient acquis une certaine autonomie mentale et financière.
Il est
également
important qu’ils soient convaincus et
déterminés par cette démarche.
Concernant
les plus de 60 ans, la psychanalyse n’est pas très
adaptée car avec
l’âge
les personnalités deviennent plus rigides, et donc moins
capables de se
remettre en cause et
d’évoluer d'une part et
d'autre part,
l'attente d'une aide est de nature
différente. On leur proposera de
préférence des
psychothérapies analytiques ou
des psychothérapies de
soutien.
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